Nous avons dit que les vingt-deux clefs du tarot sont les vingt-deux lettres de l’alphabet kabbalistique primitif. Voici une table des variantes de cet alphabet suivant les divers kabbalistes hébreux.
ALEPH -1 – L’être, l’esprit, l’homme ou Dieu ; l’objet compréhensible ; l’unité mère des nombres, la substance première. Toutes ces idées sont exprimées hiéroglyphiquement par la figure de Bateleur. Son corps et ses bras forment la lettre ; il porte autour de la tête un nimbe en forme de ∞, symbole de la vie et de l’esprit universel ; devant lui sont des épées, des coupes et des pentacles, et il élève vers le ciel la baguette miraculeuse. Il a une figure juvénile et des cheveux bouclés, comme Apollon ou Mercure ; il a le sourire de l’assurance sur les lèvres et le regard de l’intelligence dans les yeux.
BETH -VETH – 2 – La maison de Dieu et de l’homme, le sanctuaire, la loi, la gnose, la kabbale, l’église occulte, le binaire, la femme, la mère. Hiéroglyphe du tarot, la Papesse : une femme couronnée d’une tiare, ayant les cornes de la lune ou d’Isis, la tête environnée d’un voile, la croix solaire sur la poitrine, et tenant sur ses genoux un livre qu’elle cache avec son manteau. L’auteur protestant d’une prétendue histoire de la papesse Jeanne a retrouvé et fait servir, tant bien que mal, à sa thèse, deux curieuses et anciennes figures qu’il a trouvées de la Papesse ou souveraine prêtresse du tarot. Ces deux figures donnent à la Papesse tous les attributs d’Isis : dans l’une, elle tient et caresse son fils Horus ; dans l’autre, elle a les cheveux longs et épars ; elle est assise entre les deux colonnes du binaire, porte sur la poitrine un soleil à quatre rayons, pose une main sur un livre, et fait de l’autre le signe de l’ésotérisme sacerdotal, c’est-à-dire qu’elle ouvre seulement trois doigts et tient les autres repliés en signe de mystère ; derrière sa tête est le voile, et de chaque côté de son siège une mer sur laquelle s’épanouissent des fleurs de lotus. Je plains fort le malencontreux érudit qui n’a voulu voir dans ce symbole antique qu’un portrait monumental de sa prétendue papesse Jeanne. La Torah commence par la lettre Beth, Béréchit…
GUIMEL – 3 Le Verbe, le ternaire, la plénitude, la fécondité, la nature, la génération dans les trois mondes.
Symbole, l’Impératrice : une femme ailée, couronnée, assise et tenant au bout de son sceptre le globe du monde ; elle a pour signe un aigle, image de l’âme et de la vie.
Cette femme est la Vénus-Uranie des Grecs et a été représentée par Saint Jean, dans son Apocalypse, par la femme revêtue du Soleil, couronnée de douze étoiles et ayant la Lune sous les pieds. C’est la quintessence mystique du ternaire, c’est la spiritualité, c’est l’immortalité, c’est la reine du ciel.
DALETH – 4 La porte ou le gouvernement chez les Orientaux, l’initiation, le pouvoir, le tétragramme, le quaternaire, la pierre cubique ou sa base.
Hiéroglyphe, l’Empereur : un souverain dont le corps représente un triangle droit, et les jambes une croix, image de l’Athanor des philosophes.
HE – 5 Indication, démonstration, enseignement, loi, symbolisme, philosophie, religion.
Hiéroglyphe, le Pape ou le grand hiérophante. Dans les tarots plus modernes, ce signe est remplacé par l’image de Jupiter. Le grand hiérophante, assis entre les deux colonnes d’Hermès et de Salomon, fait le signe de l’ésotérisme et s’appuie sur la croix à trois traverses d’une forme triangulaire. Devant lui, deux ministres inférieurs sont à genoux, de sorte qu’ayant au-dessus de lui les chapiteaux des deux colonnes et au-dessous les deux têtes des ministres, il est le centre du quinaire et représente le divin pentagramme dont il donne ainsi le sens complet. En effet, les colonnes sont la nécessité ou la loi ; les têtes sont la liberté ou l’action. De chaque colonne à chaque tête on peut tirer une ligne, et deux lignes de chaque colonne à chacune des deux têtes. On obtiendra ainsi un carré coupé en quatre triangles par une croix, et au milieu de cette croix sera le grand hiérophante, nous dirions presque comme l’araignée des jardins au centre de sa toile, si cette image pouvait convenir à des choses de vérité, de gloire et de lumière.
VAV – 6 Enchaînement, crochet, lingam, enchevêtrement, union, embrassement, lutte, antagonisme, combinaison, équilibre. Hiéroglyphe, l’homme entre le Vice et la Vertu. Au-dessus de lui rayonne le soleil de la vérité, et dans ce soleil l’Amour tendant son arc et menaçant le Vice de sa flèche. Dans l’ordre des dix séphiroth, ce symbole correspond à Tiphereth, c’est-à-dire à l’idéalisme et à la beauté. Le nombre six représente l’antagonisme des deux ternaires, c’est-à-dire de la négation absolue et de l’absolue affirmation. C’est donc le nombre du travail et de la liberté ; c’est pourquoi il se rapporte aussi à la beauté morale et à la gloire.
ZAÏN – 7 Arme, glaive, épée flamboyante du chérubin, septénaire sacré, triomphe, royauté, sacerdoce.
Hiéroglyphe, un char cubique à quatre colonnes, avec une draperie azurée et étoilée. Dans le char, entre les quatre colonnes, un triomphateur couronné d’un cercle sur lequel s’élèvent et rayonnent trois pentagrammes d’or. Le triomphateur a sur sa cuirasse trois équerres superposées ; il y a sur les épaules l’Urim et le Tumim de la souveraine sacrificature, figurés par les deux croissants de la Lune en Guédoulah et en Guébourah ; il tient à la main un sceptre surmonté d’un globe, d’un carré et d’un triangle ; son attitude est fière et tranquille. Au char est attelé un double sphinx ou deux sphinx qui se tiennent par le bas-ventre ; ils tirent l’un d’un côté, l’autre de l’autre ; mais l’un des deux tourne la tête, et ils regardent du même côté. Le sphinx qui tourne la tête est noir, l’autre est blanc. Sur le carré qui fait le devant du chariot, on voit le lingam indien surmonté de la sphère volante des Égyptiens. Cet hiéroglyphe, dont nous donnons ici la figure exacte, est le plus beau peut-être et le plus complet de tous ceux qui composent la clavicule du tarot.
H’ETH – 8 Balance, attrait et répulsion, vie, frayeur, promesse et menace.
Hiéroglyphe, la Justice avec son glaive et sa balance.
TETH – 9 Le bien, l’horreur du mal, la moralité, la sagesse.
Hiéroglyphe, un sage appuyé sur son bâton et portant devant lui une lampe ; il s’enveloppe entièrement dans son manteau. Son inscription est l’Hermite ou le Capucin, à cause du capuce de son manteau oriental ; mais son vrai nom c’est la Prudence, et il complète ainsi les quatre vertus cardinales, qui ont paru dépareillées à Court de Gébelin et à Etteila.
YOD – 10 Principe, manifestation, louange, honneur viril, phallus, fécondité virile, sceptre paternel. Hiéroglyphe, la Roue de fortune, c’est-à-dire la roue cosmogonique d’Ézéchiel, avec un Hermanubis ascendant à droite, un Typhon descendant à gauche, et un sphinx au-dessus en équilibre et tenant l’épée entre ses griffes de lion. Symbole admirable, défiguré par Etteila, qui a remplacé Typhon par un homme, Hermanubis par une souris, et le sphinx par un singe, allégorie bien digne de la kabbale d’Etteila.
KAF -KHAF 11 La main dans l’acte de prendre et de tenir. Hiéroglyphe, la Force, une femme couronnée du ∞ vital et qui ferme paisiblement et sans efforts la gueule d’un lion furieux.
LAMED – 12 Exemple, enseignement, leçon publique. Symbole, un homme qui est pendu par un pied et dont les mains sont liées derrière le dos, en sorte que son corps fait un triangle la pointe en bas, et ses jambes une croix au-dessus du triangle. La potence a la forme d’un tau hébreu ; les deux arbres qui la soutiennent ont chacun six branches coupées. Nous avons expliqué ailleurs ce symbole du sacrifice et de l’œuvre accomplie ; nous n’y reviendrons pas ici.
MEM -13 Le ciel de Jupiter et de Mars, domination et force, renaissance, création et destruction.
Hiéroglyphe, la Mort qui fauche des têtes couronnées, dans une prairie où l’on voit pousser des hommes.
NUN -14 Le ciel du Soleil, températures, saisons, mouvement, changements de la vie toujours nouvelle et toujours la même. Hiéroglyphe, la Tempérance, un ange, ayant le signe du Soleil sur le front, et sur la poitrine le carré et le triangle du septénaire, verse d’une coupe dans l’autre les deux essences qui composent l’élixir de vie.
SAMECH -15 Le ciel de Mercure, science occulte, magie, commerce, éloquence, mystère, force morale.
Hiéroglyphe, le Diable, le bouc de Mendès ou le Baphomet du temple avec tous ses attributs panthéistiques. Cet hiéroglyphe est le seul qu’Etteila ait parfaitement compris et convenablement interprété.
AYIN – 16 Le ciel de la Lune, altérations, subversions, changements, faiblesses.
Hiéroglyphe, une tour frappée de la foudre, probablement celle de Babel. Deux personnages, Nemrod sans doute et son faux prophète ou son ministre, sont précipités du haut en bas des ruines. L’un des personnages, en tombant, représente parfaitement la lettre.
PE -FE 17 Le ciel de l’Âme, effusions de la pensée, influence morale de l’idée sur les formes, immortalité.
Hiéroglyphe, l’étoile brillante et la jeunesse éternelle. Nous avons donné ailleurs la description de cette figure.
TSADE – 18 Les éléments, le monde visible, la lumière reflétée, les formes matérielles, le symbolisme
Hiéroglyphe, la lune, la rosée, une écrevisse dans l’eau remontant vers la terre, un chien et un loup hurlant à la lune et arrêtés au pied de deux tours, un sentier qui se perd à l’horizon et qui est parsemé de gouttes de sang.
QOF – 19 Les mixtes, la tête, le sommet, le prince du ciel. Hiéroglyphe, un soleil radieux et deux enfants nus se donnent la main dans une enceinte fortifiée. Dans d’autres tarots, c’est une fileuse dévidant les destinées ; dans d’autres enfin, un enfant nu monté sur un cheval blanc et déployant un étendard écarlate.
RESH – 20 Le végétatif, la vertu génératrice de la terre, la vie éternelle.
Hiéroglyphe, le Jugement. Un génie sonne de la trompette et les morts sortent de leurs tombeaux ; ces morts redevenus vivants sont un homme, une femme et un enfant : le ternaire de la vie humaine.
SHIN -SIN Le sensitif, la chair, la vie éternelle. Hiéroglyphe, le Fou : un homme habillé en fou, marchant au hasard, chargé d’une besace qu’il porte derrière lui, et qui est sans doute pleine de ses ridicules et de ses vices ; ses vêtements en désordre laissent à découvert ce qu’il devrait cacher, et un tigre qui le suit le mord sans qu’il songe à l’éviter ou à s’en défendre. Si l’on regarde la graphie de la lettre « Shin », qui a la forme d’une fourche à trois dents, on peut constater qu’il est constitué de trois « Vav », de valeur numérique 6. Le « Shin » ainsi visualisé se lirait « 666″ Le Shin a trois branches mais la nature du shin étant double nous en avons 6… Complexe est donc la symbolique de cette lettre.
La tradition enseigne qu’à l’origine le Shin n’avait pas trois mais quatre branches, la branche supplémentaire représentant le Olam haBa ( monde futur). Le Shin à quatre branches est inscrit sur le Téfilin (phylactères) de la tête. Combiné avec le Yod, il représente l’étincelle divine, et sa tendance vers le « futur » est destinée à rechercher l’unité des deux facettes : masculin, féminin dans l’UN…, Associées les deux lettres yod et shin donnent « yesh » ce qui veut dire : « il y a « .
TAV – 21 Le microcosme, le Monde, le résumé de tout en tout. Hiéroglyphe, le kether ou la couronne kabbalistique entre les quatre animaux mystérieux ; au milieu de la couronne, on voit la Vérité tenant de chaque main une baguette magique. mais, attention, Monde à l’envers se lit Démon et là se trouve le sentier inversé…
Telles sont les vingt-deux clefs du tarot, qui en expliquent tous les nombres.
Ainsi le Bateleur, ou clef des unités, explique les quatre as avec leur quadruple signification progressive dans les trois mondes et dans le premier principe. Ainsi l’as de denier ou de cercle, c’est l’âme du monde ; l’as d’épée, c’est l’intelligence militante ; l’as de coupe, c’est l’intelligence aimante ; l’as de bâton, c’est l’intelligence créatrice ; ce sont aussi les principes du mouvement, du progrès, de la fécondité et de la puissance.
Chaque nombre, multiplié par une clef, donne un autre nombre qui, expliqué à son tour par les clefs, complète la révélation philosophique et religieuse contenue dans chaque signe. Or, chacune des cinquante-six cartes peut se multiplier par les vingt-deux clefs tour à tour ; il en résulte une série de combinaisons donnant tous les résultats les plus surprenants de révélation et de lumière. C’est une véritable machine philosophique qui empêche l’esprit de s’égarer, tout en lui laissant son initiative et sa liberté ; ce sont les mathématiques appliquées à l’absolu, c’est l’alliance du positif à l’idéal, c’est une loterie de pensées toutes rigoureusement justes comme les nombres, c’est enfin peut-être ce que le génie humain a jamais conçu tout à la fois de plus simple et de plus grand. La manière de lire les hiéroglyphes du tarot, c’est de les disposer soit en carré, soit en triangle, en plaçant les nombres pairs en antagonisme et en les conciliant par les impairs. Quatre signes expriment toujours l’absolu dans un ordre quelconque, et s’expliquent par un cinquième. Ainsi la solution de toutes les questions magiques est celle du pentagramme, et toutes les antinomies s’expliquent par l’harmonieuse unité. Disposé ainsi, le tarot est un véritable oracle, et répond à toutes les questions possibles avec plus de netteté et d’infaillibilité que l’androïde d’Albert le Grand : en sorte qu’un prisonnier sans livres pourrait, en quelques années, s’il avait seulement un Tarot dont il saurait se servir, avoir acquis une science universelle, et parlerait de tout avec une doctrine sans égale et une éloquence inépuisable. Cette roue, en effet, est la véritable clef de l’art oratoire et du grand art de Raymond Lulle ;
c’est le véritable secret de la transmutation des ténèbres en lumière, c’est le premier et le plus important de tous les arcanes du grand œuvre. Au moyen de cette clef universelle du symbolisme, toutes les allégories de l’Inde, de l’Égypte et de la Judée deviennent claires.
L’Apocalypse de Saint Jean est un livre kabbalistique dont le sens est rigoureusement indiqué par les figures et par les nombres de l’Urim, du Tumim, des Séraphim et de l’Ephod, tous résumés et complétés par le Tarot ; les sanctuaires antiques n’ont plus de mystères, et l’on comprend pour la première fois la signification des objets du culte des Hébreux. Qui ne voit, en effet, dans la table d’or, couronnée et supportée par des chérubins, qui couvrait l’arche d’alliance et servait de propitiatoire, les mêmes symboles que dans la vingt et unième clef du Tarot ? L’arche était un résumé hiéroglyphique de tout le dogme kabbalistique, elle contenait le Yod ou le bâton fleuri d’Aaron, le thé ou la coupe, le gomorcontenant la manne, les deux tables de la loi, symbole analogue à celui du glaive de justice, et la manne contenue dans le gomor qui était une mesure de capacité chez les Hébreux, de 174 pouces/cubes, soit 3 litres 1/3. Voici quatre choses qui traduisent merveilleusement les lettres du tétragramme divin.
Gaffarel a prouvé savamment que les chérubins de l’arche, étaient en figures de veaux ; mais ce qu’il a ignoré, c’est qu’au lieu de deux, il y en avait quatre, deux à chaque extrémité, comme le dit expressément le texte, mal entendu à cet endroit par la plupart des commentateurs. Ainsi, aux versets 18 et 19 de l’Exode, il faut traduire de cette manière le texte hébreu : « Tu feras deux veaux ou sphinx d’or travaillés au marteau de chaque côté de l’oracle. Et tu les placeras l’un tourné d’un côté, l’autre de l’autre. » Les chérubins ou sphinx étaient en effet, accouplés par deux de chaque côté de l’arche, et leurs têtes se retournaient aux quatre coins du propitiatoire, qu’ils couvraient de leurs ailes arrondies en voûte, ombrageant ainsi la couronne de la table d’or, qu’ils soutenaient sur leurs épaules, et se regardant l’un l’autre par les coupes et regardant le propitiatoire.
L’arche avait ainsi trois parties ou trois étages, représentant Aziluth, Jezirah et Briah, les trois mondes de la kabbale : la base du coffre, à laquelle était adaptés les quatre anneaux des deux leviers analogues aux colonnes du temple Jakin et Bohas ; le corps du coffre, sur lequel ressortait en relief celui des sphinx, et le couvercle, ombragé par les ailes des sphinx. La base représentait le royaume du sel qui se dit mélach, sachant que Ange se dit malach et Roi mèlech ! une initiation au langage des adeptes d’Hermès…, le coffre le royaume du mercure ou de l’azoth, et le couvercle le royaume du soufre ou du feu.
Les autres objets du culte n’étaient pas moins allégoriques, mais il faudrait un ouvrage spécial pour les décrire et les expliquer. Saint Martin, dans son Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l’homme et la nature, a suivi, comme nous l’avons dit, la division du Tarot, et donne sur les vingt-deux clefs un commentaire mystique assez étendu ; mais il se garde bien de dire où il a pris le plan de son livre et de révéler les hiéroglyphes qu’il commente. Postel a eu la même discrétion, et, en nommant seulement le Tarot dans la figure de sa clef des arcanes, il le désigne dans le reste du livre sous le nom Genèse d’Hénoch. Le personnage d’Hénoch, auteur du premier livre sacré, est en effet identique avec celui de Thot chez les Égyptiens, de Cadmus chez les Phéniciens, et de Palamède chez les Grecs.
« Nous avons trouvé d’une manière assez extraordinaire une médaille du XVIe siècle qui est une clef du tarot. Nous ne savons trop s’il faut dire que cette médaille et le lieu où nous devions la trouver nous avaient été montrés en songe par le divin Paracelse ; quoi qu’il en soit, la médaille est en notre possession. Elle représente, d’un côté, le Bateleur en costume allemand du XVIe siècle, tenant d’une main sa ceinture et de l’autre le pentagramme ; il a devant lui, sur sa table, entre un livre ouvert et une bourse fermée, dix deniers ou talismans disposés en deux lignes de trois chacune et en un carré de quatre ; les pieds de la table forment deux , et ceux du bateleur deux renversés de cette manière . Le revers de la médaille contient les lettres de l’alphabet, disposées en carrés magiques
On peut remarquer que cet alphabet n’a que vingt-deux lettres, le V et le N y étant répétés deux fois, et qu’il est disposé par quatre quinaires et un quaternaire pour clef et pour base. Les quatre lettres finales sont deux combinaisons du binaire et du ternaire, et, lues kabbalistiquement, elles forment le mot Azoth, en rendant aux configurations de lettres leur valeur en hébreu primitif, et en prenant N pour , Z pour ce qu’il est en latin, V pour le vau , qui se prononce O entre deux voyelles ou lettres qui en ont la valeur, et le X pour le tau primitif, qui en avait exactement la figure. Le tarot tout entier est donc expliqué dans cette merveilleuse médaille, digne en effet de Paracelse, et que nous tenons à la disposition des curieux. Les lettres, disposées par quatre fois cinq, ont pour résumé le mot , analogue à ceux de , d’INRI, et contenant tous les mystères de la kabbale. Le livre du tarot ayant une si haute importance scientifique, il est bien à désirer qu’on ne l’altère plus. Nous avons parcouru à la Bibliothèque impériale la collection des anciens tarots, et c’est là que nous en avons recueilli tous les hiéroglyphes dont nous donnons la description.
La Kabbale est la philosophie de la puissance infinie du mot, du son qu’il évoque et qu’il invente. Dieu créa l’homme à son image et construisit le monde en appelant chaque chose par son nom : le cabaliste s’érige en imitateur de Dieu, un imitateur légitime puisqu’il est l’image de Dieu et qu’il a reçu de celui ci le don du son articulé, procédé qui lui permet, a son tour de créer.
L’organisation complexe et admirable de l’arbre séphirotique, avec ses 22 sentiers réunissant entre elles les dix émanations divines, laisse immédiatement deviner les liens étroits qui existent entre les Séphiroth et les 22 lettres de l’alphabet hebraïque, les 22 arcanes majeurs du Tarot et les 22 symboles astrologiques (12 signes+10 planètes) »
Ainsi Dieu créa le monde en prononçant le nom des choses, et renferme en elle une puissance infinie : chaque lettre est associée à la descente des intelligences divines. L’hébreu tout comme l’Egyptien ou le sanscrit sont des langues lithurgiques, prononcer un son à la place d’un autre reviendrait alors à bouleverser la création, née grâce à un équilibre de vibrations subtiles. De même que la prière se transforme en système actif et énergique afin d’agiter ls sphères intermédiaires entre l’homme et Dieu, créateur de l’ordre cosmique.
La Kabbale propose la fabrication de talismans ou de pentacles toujours basés sur le calcul et le nombre. Le son est une vibration qui se manifeste dans le nombre. Le nombre est un ensemble de rapports géométriques, d’espaces activateurs de l’énergie, et le cycle recommence.
Les formules de certains grimoires médiévaux, regorgent de noms hébraîques de multitudes d’anges, d’esprits, démons, de Dieu. Au point ou l’on ne sait plus quelles sont vrais ou faux. L’hébreu est une langue difficile, or l’accès véritable à la cabale, ne se fait réellement sans la connaissance de cette langue. Chaque lettre de l’alphabet hébraîque correspond à un nombre, il en est de même pour les langues Arabes et Grecques, car ce n’est qu’avec l’invasion des Indes que le chiffre fut importé. Ainsi on utilisait le même signe graphique pour indiquer un son ou une quantité. La « Guématria », le système le plus élémentaire de la Kabbale de décodage du son , consiste à déplacer entre eux des mots composés de signes divers mais dont la somme est égale à la même valeur numérique.
Le Notarikon, d’où dérive sans doute la mode des acrostiches qui fit fureur il y a 200 ans, crée des mots nouveaux à partir des lettres initiales ou finales des termes composant une phrase, ou au contraire tire celle ci d’un seul mot. Enfin la temourah remplace 1 lettre par une autre en fonctions de combinaisons alphabétiques nommées Sirufim. Le but étant de créer deux niveaux de compréhension des Ecritures : un exotérique, l’habituelle fable biblique populaire, et une ésotérique, tissu de symboles et de noms divins accessible seulement aux initiés.
Ces noms divins et secrets, imprononçables, ces surnoms cachés des esprits et des démons, sont en fait des instruments magiques: en les évoquant le théurgiste gouverne l’univers. La tradition de la Kabbale dans la fabrication du talisman, codifiée vers 1400 par Abramelin le mage, nous a légué une multitude de carrés magiques,certains liés aux planètes et d’autres associés à des esprits, des démons et aux effets les plus divers. Dotés de l’immense puissance du nombre, ils agiraient comme des catalyseurs de forces capables d’attirer sur le porteur l’effet désiré. Pour ceux qui ne connaissent pas l’hébreu, il existe une autre méthode : la translitération qui consiste à traduire un alphabet par un autre caractérisé par des sons différents. Ce qui dans le cas de l’hébreu n’est pas facile, car l’hébreu n’a pas de voyelles, ou s’il en a, c’est dans l’unique but d’une fonction accessoire. Appui variable du son et avant tout dépourvues de toute valeur numérique. Une pratique kabbaliste spéciale suggère dans le cas de la connaissance de l’hébreu, d’accoupler chacun des chiffres d’une date à la lettre correspondante. Pour le calendrier juif, la création partant en l’an 3760. l’année 1914, départ de la 1ere guerre mondiale=5674, on obtient 5674=400+200+70+4, cad Tav,Resh,Ayin,Daleh qui donnent Tir’ad (tu tueras) et dans la même méthode pour 1938, Tirtzach ( tu trembleras de terreur)
« Tiré du livre de Laura TUAN intitulé » Le grand livre des sciences occultes » Edd DE VECCHI (1987). C’est un bouquin vraiment génial et qui traite de nombreux sujets concernant les sciences occultes. »
Le carré parfait est l’image de l’homme qui a atteint l’harmonie en lui, entre l’esprit et la matière, entre ses moyens spirituels et physiques.
Doué d’épaisseur, le carré devient cube, qui a douze arêtes et montre la relation cosmique élémentaire ; le triangle est le symbole du Dieu unique au sommet de la pyramide qui est le tout. Dans la tradition hébraïque, le « bloc carré » indique le chiffre 4, il signifie quatre murs, quatre lignes allant du centre aux quatre coins. L’association : cercle et carré, évoque le couple : ciel et terre. Il correspond à l’archétype fondamental de la plénitude. Dans la kabbale, les lettres qui servent à écrire les noms divins ont un pouvoir magique. Les carrés magiques sont composés de chiffres et de lettres prises pour leur valeur numérique et dont la somme verticale est égale à la somme horizontale et diagonale et qui correspond à un mot ou à un nom qui peut être lu de bas en haut, de droite à gauche, de gauche à droite ou de haut en bas sans que l’ordre ne soit modifié.
Le Zohar explique que les chiffres 3, 7, 33 forment une grille d’interprétation de ces carrés.
Le dodécaèdre représente le monde des volumes correspondant aux douze signes du zodiaque. Triangles et rectangles jouent un rôle important dans la construction, c’est d’eux que dérivent le niveau et l’équerre.
Pour les occultistes, le triangle sublime est le triangle isocèle dont l’angle du sommet = 38°, les angles de base = 72°. C’est ainsi que :
- le triangle isocèle symbolise le feu.
- le triangle équilatéral symbolise la terre.
- le triangle rectangle symbolise l’eau.
- le triangle scalène symbolise l’air.
Dans le triangle dont la pointe est dirigée vers le haut, un côté représente la lumière, l’autre les ténèbres. L’ensemble représente le ternaire cosmique. Le Delta est un triangle isocèle dont l’angle au sommet = 108°, ceux de la base = 36°. Il correspond au nombre d’or.
L’étoile à cinq branches : elle symbolise la manifestation centrale de la lumière, du centre mystique, du foyer d’un univers en expansion. Placée entre l’équerre (terre) et le cosmos (ciel), elle figure l’homme régénéré rayonnant au milieu du monde des ténèbres. Elle porte parfois en son centre la lettre « G » que l’on dit être l’équivalent du « Yod » hébraïque, principe divin dans le coeur de l’initié, mais qui ressemble plus à la lettre guimel symbole du Secret du nombre 3.
Carrés magiques
Dans ses écrits kabbalistiques, Joseph Tzayach discourt des carrés magiques et de leur utilisation dans la fabrication d’amulettes. Dans ses Responsa, au sujet des carrés magiques, il affirme que les ensembles numériques étaient déjà connus des anciens kabbalistes comme possédant un lien symbolique et chronologique avec les planètes (Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus, Mercure et la Lune) que l’on pouvait découvrir selon un système mathématique réintroduit en Occident par Emmanuel Moshopoulos vers 1460.
D’autres références aux carrés magiques concernant leur implication dans les mystères de la Création peuvent également être trouvées dans les écrits des contemporains de Tzayach tels Rabbi Joseph Tirshom et son Shoshan Yesod Olam (la Rose, Fondement de l’Univers, 1550), Rabbi Eliahou Baal Shem Tov et son Toledot Adam (Générations d’Adam) et Rabbi Isaïe Horowitz et son Shneï Luchot HaBrit (Les Deux Tables d’Alliance). On en trouvera encore dans le Shorsheï ha-Shemoth de Moïse Zacuto.